Entretien avec Philip Vaughan

Philip Vaughan travaille dans plusieurs domaines, dont la peinture, le dessin, les sculptures et de grandes œuvres d'art public réalisées sur commande. Philip est l'artiste derrière la remarquable Light Tower de 48 pieds de haut qui a trôné au-dessus de la Hayward Gallery de 1972 à 2008, un élément marquant du paysage urbain londonien. L'artiste s'intéresse également à l'Art lumineux et au mouvement, travaillant avec des sources lumineuses au néon et à LED et intégrant parfois des installations incluant de la musique. Nous avons rattrapé Philip pour en savoir plus sur son parcours en tant qu'artiste.

Deep Blue par Philip Vaughan

Quand avez-vous réalisé que vous vouliez devenir artiste ? 

J'ai réalisé assez tôt dans mon enfance que je voulais faire quelque chose en rapport avec le dessin.

J'ai grandi en France dans une belle vieille maison d'entreprise donnant sur la mer et l'entrée du port du Havre. Mon père dirigeait la division de sauvetage d'une compagnie de remorqueurs et je suis devenu fasciné par les navires et la mer. Nous avions des couvertures de cahier de l'école qui, une fois dépliées, formaient une belle surface vierge de format A3 et mes premiers dessins étaient des navires en profil sur celles-ci.

Quand je suis arrivé dans un pensionnat en Angleterre, je pensais vouloir être architecte naval. Mon professeur d'art, le légendaire Gordon Taylor, m'a convaincu qu'il y avait plus de débouchés dans l'architecture et l'art, et je suis allé étudier l'architecture à Cambridge, avant de passer aux écoles d'art de Hornsey et de Chelsea pour étudier la sculpture et la peinture.

Chaparral par Philip Vaughan

Qu'est-ce qui inspire votre art ?

J'ai toujours été fasciné par la science et la nature. L'art a toujours été pour moi un projet de recherche. À Chelsea, j'ai eu la chance de suivre un cours incroyable sur la théorie des couleurs avec Anne Rees Mogg. Cela a éveillé mon intérêt car cela comprenait une étude de la lumière et du processus de voir et de comprendre la lumière et la couleur. J'ai commencé à créer des sculptures en utilisant la lumière comme médium, principalement la projection et la lumière linéaire sous forme de néon. Je me suis également passionné pour la persistance de la vision et ses possibilités de créer un mouvement apparent comme au cinéma, ajoutant une dimension temporelle à mon travail. J'ai appliqué cela à des sculptures lumineuses programmées pour créer des œuvres qui semblaient se déplacer dans des mouvements harmonieux. Ma première œuvre de grande envergure de ce type était la tour de néon de 48 pieds de haut que j'ai été commissionné pour créer pour le Southbank et le Hayward à Londres.

Normandie Fields par Philip Vaughan

Plus récemment, une grande partie de mes dessins et peintures est issue de l'observation des formes végétales et arbres dans la nature. La manière dont ces plantes s'organisent, grandissent et se ramifient est tout à la fois géométrique et fabuleusement diverse et complexe. Cette complexité continue de me fasciner à ce jour. Je suis également fasciné par l'océan et les ondes, que j'ai passé de nombreuses heures à observer depuis le pont d'un voilier. Toutes ces idées se mélangent et résonnent dans mon travail jusqu'à aujourd'hui.

Vivant et travaillant maintenant à Los Angeles, je passe beaucoup de temps dans le désert et les forêts de séquoias du nord de la Californie, et ces endroits ont un effet profond sur mon travail.

Tutti Frutti par Philip Vaughan

Pouvez-vous nous parler de votre processus de création ?

J'aime travailler de manière intuitive, j'aime laisser la place au hasard dans mon processus. Souvent, quelque chose me fascinera bien avant que je comprenne pourquoi. J'ai appris à faire confiance à ces intuitions et à observer attentivement. Ces observations se transforment souvent en croquis et en notes, qui peuvent finalement se réunir pour former une idée pour une œuvre d'art. Le chemin n'est pas rectiligne, c'est un processus tortueux, mais je compte sur mon sens du toucher et de l'odorat pour juger où placer mon énergie et comment guider le processus de travail, de l'idée à l'évolution de l'œuvre d'art.

Je suis également un travailleur progressif, je travaille sur une idée et je la porte aussi loin que possible, puis je passe à un autre tableau pour poursuivre la prochaine incarnation de cette idée. Souvent, les versions initiales sont absorbées dans un projet de recherche plus vaste au fur et à mesure que l'idée se développe en quelque chose de plus complexe et, espérons-le, plus affiné. Encore une fois, le sens de l'intuition est mon guide, j'observe ces idées grandir presque comme si elles étaient des créatures distinctes, me guidant le long d'un chemin qui, si j'ai de la chance, est mystérieux et fascinant.

Walking Tall par Philip Vaughan

Quelles sont vos ambitions pour l'avenir ?

J'espère trouver un nouveau moyen de promouvoir mon travail au cours des prochaines années, afin d'augmenter les financements que je peux consacrer à de nouveaux projets et dans le but de passer plus de temps à travailler dans l'atelier et sur de grands projets d'art public. Dans ce nouveau monde où les galeries physiques luttent, je m'intéresse à de nouvelles façons de promouvoir mon travail en ligne et Rise Art semble être une initiative bien pensée dans cette direction.

J'espère également que nous pourrons trouver à Londres un endroit pour ma grande tour lumineuse interactive. En attendant, je travaille sur des maquettes en acier pour ces œuvres de plus grande envergure, esquissant en 3D et développant des idées qui pourront être réalisées à grande échelle lorsque l'occasion se présentera. 

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