Dévoiler le collage contemporain avec Peter Horvath

Peter Horvath est un artiste canadien dont le travail avec le collage photographique lui a valu une reconnaissance internationale. Commencant son éducation artistique à l'Emily Carr University of Art and Design à Vancouver, Horvath a ensuite exposé largement tant dans son Canada natal qu'au-delà des frontières. Vous trouverez certaines de ses œuvres dans des collections permanentes dans des galeries à travers le monde.

Le travail de Horvath démontre la puissance du collage pour subvertir les attentes et créer des œuvres qui suscitent la réflexion. Utilisant principalement des images de la publicité du début du XXe siècle et d'Hollywood, ces pièces explorent la culture de consommation de l'époque. Cependant, en sortant ces images de leur contexte habituel, Horvath les réutilise et redéfinit complètement leur sens de manière fraîche et intéressante. Nous avons rencontré Peter pour en savoir un peu plus sur son parcours artistique, son processus de création et certains de ses projets futurs.

New York State Of Mind, 2018, par Peter Horvath

 

Quand avez-vous découvert votre intérêt pour l'art et la créativité ?

Mon père était photographe portraitiste, donc mes débuts artistiques tournaient autour de la photographie. J'ai créé ma première série d'images à l'âge de 6 ans. J'ai photographié plusieurs de mes amis, individuellement dans ma chambre, chacun tenant un objet ou un jouet. Ma série suivante documentait des voitures dans des parkings locaux, toutes prises du même angle. Bien que je ne m'en sois pas rendu compte à l'époque, en regardant ces images aujourd'hui, il y avait un point de vue particulier et une intention artistique qui me guidait. 

Pipe Dream, 2015, par Peter Horvath

 

Comment avez-vous découvert le collage et pourquoi l'appréciez-vous ?

Dans les années 90, j'ai découvert un livre des couvertures de photomontages de John Heartfield des années 1930 pour le magazine AIZ et cela m'a un peu bouleversé ! Je n'avais jamais vu la photographie utilisée de cette manière, illustrant spécifiquement des idées et véhiculant des messages en découpant et collant des éléments ensemble. Cela m'a ouvert les yeux sur de nouvelles façons (pour moi) d'utiliser la photographie comme médium, et j'ai donc commencé à expérimenter le collage ; d'abord avec mes propres photographies, puis en utilisant finalement des images de magazines. Venant d'un milieu basé sur la photo, le collage était une extension d'un médium que j'avais utilisé toute ma vie, pénétrant ainsi dans un nouveau territoire conceptuel, à travers la déconstruction des photographies.

Thus Spoke Zarathustra, God Is Dead, 2016, par Peter Horvath

 

Quels artistes seraient vos principales influences ?

John Heartfield, comme mentionné ci-dessus, mais aussi une autre dadaïste, Hannah Höch, qui réalisait des images collées d'une manière très différente de celle de Heartfield, déformant les figures et les visages par découpage et collage ; Francis Bacon, dont les sublimes peintures m'ont incité à envisager d'ajouter de la peinture à mes assemblages ; le travail de Jenny Holzer basé sur le texte et de Barbara Kruger, qui combine texte et image - le travail de ces deux artistes m'a montré le pouvoir du langage et les utilisations de la typographie dans un médium visuel.

Untitled (Lucille Bremer), 2017, par Peter Horvath

 

Vous adoptez souvent du matériel d'archives du milieu du XXe siècle. Qu'est-ce qui vous inspire dans cette période ?

Les magazines d'époque donnent un aperçu des débuts de la culture de consommation et de la commercialisation, mais les publicités ont une innocence comparée à ce à quoi nous sommes habitués aujourd'hui. Les messages sont simples et directs, voire naïfs, et les personnages sont souvent raides, comme des mannequins humains. J'aime la rigidité des personnages et la réutilisation du message pour une lecture totalement différente. De plus, le papier et l'impression ont une qualité particulière sur laquelle je me concentre dans mon travail, en agrandissant de petits détails qui passeraient normalement inaperçus.

Bowie, 2019, par Peter Horvath

 

Comment votre style s'est-il développé au cours de votre carrière ?

Mes nouvelles images font référence conceptuellement à mes vidéos de Nouveaux Médias, où j'interviens dans la narration et la compréhension d'un récit par le biais du montage et de plusieurs écrans. Avec mes nouvelles pièces d'assemblage, je me concentre sur des figures de la culture populaire et j'obscurcis l'image sous-jacente avec des couches d'affiches de rue, de fragments de magazines, de taches d'encre et de peinture en aérosol, créant ainsi des rendus abstraits. Ce travail est en quelque sorte un clin d'œil au travail du groupe d'artistes Nouveaux Réalistes des années 1960, qui ont utilisé des affiches de rue en pelant les couches pour révéler ce qui se trouvait en dessous.

The Smoker, 2015, par Peter Horvath

 

Vous subvertissez souvent les attentes et redéfinissez les significations de votre matériel. Pourquoi le faites-vous et comment cela façonne-t-il votre travail ?

Pour moi, c'est un exercice de réflexion que de sortir des éléments de leur contexte et de les réutiliser pour représenter un sens totalement différent de celui initialement prévu. Cela peut être un défi, presque comme résoudre un puzzle. Et bien que je commence à créer une pièce avec une intention claire, elle évolue souvent vers quelque chose de totalement différent de ce que j'avais prévu, se révélant pendant le processus créatif.

Untitled (Eva in Aqua), 2018, par Peter Horvath

 

Quels sont vos projets futurs en tant qu'artiste ?

Je suis enthousiasmé par la poursuite de l'exploration de nouveaux médias combinés à l'assemblage. Récemment, j'ai commencé à ajouter de la peinture et des textures d'encre, avec une influence plus marquée de l'art urbain, donnant une touche moderne et contemporaine, tout en conservant toujours mon intention d'obscurcir le récit visuel.