Artiste à la Une : Héloïse Delègue

Bonjour Héloïse, vous travaillez actuellement sur ta prochaine exposition individuelle à "A room upstairs", pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

L'exposition s'intitule "Mongrel". Étymologiquement, c'est une combinaison de "mélange" et de "pétrissage". Je souhaite que la vue de l'œuvre soit une expérience délibérément frustrante dans le déchiffrement. Les œuvres sont cacophoniques, mais elles appellent à être simplifiées en éléments sémiotiques de base et déchiffrables. Cela est en partie dû à la nature enchevêtrée mais toujours lisible de chaque couche de bande dessinée, de texte et de motif. Une pièce de la série est particulièrement dense et a été composée de la même manière que l'on réorganise un bureau d'ordinateur désordonné.

Les pièces seront toutes suspendues près les unes des autres, elles ressembleront à des quilts, des drapeaux ou des bannières suspendues pour des sujets tels que "guérisseur", "curieux" et "meilleur ami". Les chiens et leurs interactions avec les humains sont un élément récurrent de cette exposition... Je suppose qu'il vaut mieux aller la voir...

 

Votre travail oscille entre le figuratif et l'abstrait. Comment votre pratique a-t-elle évolué ?

J'ai toujours joué avec l'équilibre entre l'abstraction et la figuration. Cela a été au cœur de ma pratique depuis mes débuts. Cela vient d'un endroit où je ne veux pas tout révéler et pourtant je ressens le besoin de répandre quelques indices et allusions sur une possible narration. Je veux conserver une présence ambiguë dans mes peintures afin de stimuler l'imagination du spectateur.

Je suppose que c'est simplement la manière dont je fais cela qui a évolué au fil du temps. Jouer avec les échelles troublantes et pousser, je l'espère, le spectateur à se déplacer vers et contre la surface de l'œuvre est quelque chose qui m'intéresse. Le mouvement du corps créé par une interaction avec la peinture ressemble presque à une danse improvisée issue de l'œuvre.

 

Quels concepts sont au cœur de votre travail ? Où puisez-vous l''inspiration?

Je pense commencer à formuler une idée avec une intensification, un aiguisement de l'amour ou de la colère en un point qui se déclare comme une impulsion de parler. Quelque chose fait exploser l'ordinaire en une urgence. Le travail pour un projet se construit au fil du temps jusqu'à ce qu'il se sente complet.

Les événements que je rencontre et la recherche qui devient aussi en quelque sorte des événements aident à construire un récit autour d'un fil conducteur spécifique que j'essaie toujours de maintenir comme élément central. Cela peut être la racine d'une idée, un titre, qui s'est déjà formulé en concept... Avec le temps et l'espace, tous les composants se juxtaposent autour de ce noyau. On peut presque imaginer ce processus comme une sorte de machine à barbe à papa.

À travers cette intégration formelle, le travail devient une structure remplie de symboles offrant un langage réfléchissant sur des sujets spécifiques tels que la sexualité, l'intimité et la façon dont nos corps sont affectés par les nouvelles formes de communications numériques.

 

Quel sont vos projets pour 2020 ?

En avril, je serai à Stavanger en Norvège pendant 3 semaines pour créer une nouvelle pièce commandée pour le Rogaland Kunstsenter, et j'aurai une exposition individuelle à Paris à l'automne. Je veux continuer à développer de nouvelles idées, à faire de la recherche et à créer. Faire évoluer ma pratique et m'amuser tout en faisant toutes ces choses.

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