Maîtres de l'art moderne, Picasso et Matisse se sont rencontrés au début de l'année 1906 chez les collectionneurs d'art américains Gertrud Stein et son frère Leo. Reconnu comme chef de file des Fauves, Matisse est à l'opposé de Picasso, ce jeune bohème espagnol de douze ans son cadet. Ce dernier vient alors de débarquer en France et commence ses périodes bleue et rose, peu appréciées par son aîné.
Des caractères opposés
Leur avant-gardisme les réunit et les oppose pendant près d'un demi-siècle. Ils s'épient, se cherchent et se défient à travers des toiles interposées. « Matisse peint de beaux et élégants tableaux » affirme sournoisement l'Andalou. « Picasso est imprévisible et capricieux », répond le Français. Aux Demoiselles d'Avignon, de 1907, Matisse répond par La Danse, en 1910, qui est aussi subversive.


Picasso, un ami espiègle
À partir de 1907, Picasso et Matisse prennent l'habitude de s'échanger leurs toiles. Ils choisissent l’œuvre la moins intéressante de l'autre comme un exemple de sa faiblesse.
Picasso s'intéresse tout particulièrement au portrait de Marguerite, la fille unique de Matisse, âgée d'environ 12 ans à l'époque. La rumeur dit alors que Picasso et ses admirateurs, qui visitent son atelier, le Bateau-Lavoir, à Montmartre, se servent de cette peinture comme cible à l'aide de fléchettes à ventouse.
