Bonjour Philippe, merci de nous accueillir dans votre atelier ! Alors comment est née cette passion pour la sculpture ?
Depuis tout petit, je côtoie la sculpture. Ma mère sculptait le verre et je la regardais faire, et l’aidais de temps en temps. Ensuite ma vie professionnelle s’est orientée vers le travail des métaux (Aciérie, fonderie, métallerie, coutellerie, ...). En parallèle, je sculptais pour mon plaisir personnel et pour mes amis. Il y a quelques années, l’appel de la sculpture a été le plus fort, et j’ai quitté mon travail pour devenir sculpteur professionnel.
Avant qu'elles ne prennent vie, vos sculptures passent beaucoup de temps en atelier. Que s'y passe-t-il concrètement ?
La première étape se passe dans ma tête. J’imagine la sculpture, ses formes, ses couleurs, son équilibre... Je la refais virtuellement des milliers de fois, puis elle s’impose. Je commence par faire un modèle, soit en plâtre, soit en bois. Si je pars d’un modèle vivant, je recouvre le corps de mon modèle de bandes de plâtre que je laisse ensuite sécher. Vient ensuite la fabrication du moule en sable (sable de fonderie) : je fais une empreinte de mon modèle dans le moule.
Je fais alors fondre au goutte à goutte le métal et je gère l’espacement des gouttes pour créer ma dentelle. À ce moment-là, j’alterne l’acier et le bronze pour créer les nuances de couleurs que j’ai imaginées. Quand je suis satisfait de ma fonte, je brosse longuement la sculpture pour retrouver les couleurs et les lumières.
Je signe chaque sculpture et je grave l’année de fabrication et le numéro d’enregistrement, pour assurer le suivi dans mon catalogue. La dernière étape est le vernissage, pour que les couleurs ne s’altèrent pas avec le temps.
J'ai mis au point ma propre technique qui consiste à créer une dentelle de métal en le faisant fondre au goutte à goutte.
Cette technique me permet de revisiter les modèles classiques gréco-romains en garantissant à mes clients l’unicité de chaque œuvre.
Quels sont les courants artistiques qui vous ont porté et ont contribué au développement de cette vision sculpturale sensuelle ?
Je m’inspire principalement de deux courants artistiques : le gréco-romain, et les Grands Maîtres dont Giacometti. Le gréco-romain pour les corps, et notamment les bustes, parce que c’est notre histoire. Les Grands Maîtres, parce que quand on aime l’art, on parcourt les musées et en tant que sculpteur, je suis obligatoirement influencé.
Les bustes et les animaux sont deux sujets que j’affectionne particulièrement et qui me permettent de les décliner différemment à chaque fois, au gré de mes inspirations et de mes humeurs.
Vous travaillez principalement le métal, pour quelle raison ?
Mes deux métaux préférés sont le Bronze et l’Acier. Si je dois faire une comparaison avec les chevaux : le bronze est le cheval de travail (docile, tranquille, noble) et l’acier est le jeune camarguais (fougueux, sauvage, joueur). Mon passé professionnel dans l’univers des métaux m’a permis de les connaître parfaitement et de savoir les travailler avec plaisir.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le "goutte-à-goutte", la technique que vous avez créée ?
Je recherchais une façon de recréer la transparence du verre (que j’avais appris à maîtriser avec ma mère) avec le métal. Je me suis alors rapproché des fondeurs d’art, mais leur méthode ne permettait pas d’obtenir ce que je recherchais.
J’ai alors mis au point ma propre technique qui consiste à créer une dentelle de métal en le faisant fondre au goutte-à-goutte.
Cette technique me permet de revisiter les modèles classiques gréco-romains en garantissant à mes clients l’unicité de chaque œuvre, il m’est effectivement impossible de refaire à l’identique une sculpture, les gouttes ayant leur espace de liberté.