Le Pop Art : un produit de la consommation
L'œuvre que vous connaissez aujourd'hui n'était pas la même il y a cinquante-cinq ans. Lors de sa première exposition au public le 9 juillet 1962, les trente-deux posters sont disposés en ligne horizontale les uns à la suite des autres. Cet agencement fait écho au rangement des boîtes de conserve sur une étagère.
Envers et contre tout, le Pop Art est en marche ! Andy Warhol fait entrer des objets de consommation dans une galerie. Il les expose tels qu'ils sont et ne cache pas leur valeur marchande. C'est dans le même ordre d'idée qu'Hamilton, plasticien britannique, définit ce nouveau courant de l'art. D'après lui, le Pop Art est bel et bien « populaire, éphémère, jetable, bon marché, spirituel, sexy, plein d'astuces, fascinant et qui rapporte gros ».
« Je veux être une machine »
Andy Warhol crée ses œuvres à l'usine ou plus exactement dans son atelier qu'il appelle The Factory (l'Usine). Et lui, c'est une machine. Pour Campbell's Soup Cans, il utilise une technique de production empruntée à la publicité : la sérigraphie. Ici, il s'agit de reproduire un motif industriel et de le répéter en motifs successifs.
Warhol est perfectionniste et ne laisse rien au hasard ! Chaque détail a de l'importance et surtout pour Campbell's Soup Cans ! Regardez-la de loin et vous verrez trente-deux boîtes de conserve identiques. Pourtant, il a changé le goût de chacune d'entre-elles : beef, black bean, chicken noodle, onion... Soudain, la Campbell's Soup n'est plus une simple soupe à la tomate, Warhol lui apporte de la saveur !
Connaissez-vous la soupe arc-en-ciel ?
Cinq ans après avoir peint des Campbell's Soup industrielles, Warhol personnalise les boîtes en y ajoutant des couleurs. Du rouge, du bleu, du vert, du jaune, du violet éclatent sur des fonds harmonieux ! Il crée dix-neuf posters acidulés et renouvelle surtout les procédés de l'art. Ici, la star du Pop Art initie ce qui deviendra sa marque de fabrique : des séries polychromes !
Campbell's Soup, une marque bien réelle
Warhol prétend être un grand consommateur de Campbell's Soup : une par déjeuner depuis vingt ans pour être exact. Il n'a pas peur de la répétition et fredonne lui-même « la même chose encore et encore ». Alors, coup de pub pour la marque ? La consommation est au cœur de la société américaine, mais il est encore impensable de l'introduire dans les musées !
L'artiste pop a pourtant bien l'intention d'introduire le réel, la consommation de masse dans l'Art. Pour refléter le monde qui l'entoure, il se sert des images publicitaires, des photos de célébrités et de la bande dessinée. Le Pop Art prend acte du réel et la marque Campbell's Soup aussi : « Made for real, real life » !
Un souvenir d'enfance
Lorsqu'il est interviewé pour le magazine The face, Andy Warhol explique que sa mère disposait les bouquets de fleurs dans des boîtes de conserve en fer. Peut-être lui rend-il hommage ? Peut-être fait-il écho à son enfance ? Andrew Warhol est le dernier enfant d'une famille qui a immigré de Slovaquie. Petit garçon créatif, il est soutenu par ses parents malgré leur peu de moyens financiers.
La beauté d'une boîte de conserve
Campbell's Soup Cans a été peinte à la main. Warhol se sert de la sérigraphie mais utilise aussi la peinture. Ici, c'est déjouer les règles de l'art pour mieux s'en servir, mais aussi, regarder les choses pour mieux les voir.. « Toutes les choses ont leur beauté, mais tout le monde ne sait pas les voir » a-t-il dit.
Avec lui, la poésie se trouve aussi dans le regard. Une boîte de conserve peut se transformer en vase à fleurs. Le logo d'une marque peut être délicatement peint au pinceau. Et une soupe industrielle devient un totem artistique, celui du Pop Art !