Animé par la transformation des matériaux et le jeu des matières, Yannick Bouillault se présente comme un interprète et non comme un artiste. Son passé de chaudronnier l'amène à concevoir l'expression de la sculpture de façon très singulière. Parfois, des touches de couleurs s'immiscent dans sa production : infimes et délicates, elles ne font que rehausser toute la subtilité d'un travail minutieux, fruit de plusieurs années passées en atelier.
Comment êtes-vous devenu sculpteur ?
C'est la transformation de différentes matières, le métal, le bois, la pierre, les différents ouvrages, quelquefois complexes, que j'ai pu réaliser durant des années, en partie dans ma carrière de chaudronnier.
Tout ceci m'a permis d'ouvrir une nouvelle brèche, celle des choses simples... Mais nous sommes tous sculpteurs d'une certaine façon, admirez le travail réalisé par une personne qui vient d'effectuer de belles plantations, un cuisinier qui réalise une belle assiette, que sais-je encore, les exemples sont infinis !
Comment se déroule une séance de travail ?
Je n'ai pas de règles précises ! C'est en fonction de chaque sculpture. En général, l'idée me conduit directement à l'atelier, mais une esquisse ou un dessin est nécessaire pour obtenir les lignes parfaites. Il arrive que les œuvres soient corrigées pendant leur création, avec des améliorations et surtout des poétisations.
Contemplatif, adepte ou médiateur de l'humanisme moderne, certaines de mes idées se métamorphosent avec l'action et la réaction de la nature, je viens inlassablement puiser dans cette source extrêmement riche et féconde ! Mes influences sont plutôt intellectuelles, je me sens inspiré par les pensées entre autres de Thalès de Milet, Aristote, Henri Bergson ou encore Nietzsche.
Le métal est votre matériau principal, pour quelle raison le privilégier ?
C'est celui que je connais le mieux grâce à mon métier d'origine. Il y a plein de manières de le façonner : le tordre, le couper, le souder avec différents procédés, mais aussi le rétreindre ou l'étirer. On peut également modifier ses caractéristiques primaires, c'est très intéressant et amusant.
Vous travaillez aussi bien des abstractions géométriques que des courbes féminines. Quel intérêt portez-vous à ces sujets ?
Mon abstraction géométrique commence parfois par une idée très complexe qui aboutit souvent au minimalisme. Dans ce mouvement, j'espère donner à l'être la possibilité de trouver une part d'émotion. Le corps féminin permet d'obtenir beaucoup de courbes et formes différentes selon aussi l'angle de l'observateur.