1. La naissance de l'Orientalisme
L'Orientalisme n'est pas un courant artistique et ne se réfère à aucune une école de peinture en particulier. On le considère comme une influence, une inspiration, une thématique récurrente apparue au XIXe siècle, qui dépeint le monde arabe et son atmosphère orientale. Il n'y a pas non plus d'artistes exclusivement orientalistes, mais beaucoup ont ponctué leurs travaux aux couleurs du Moyen-Orient et ce, quel que soit leur style initial.
Cette peinture révèle tout l’exotisme de la vie intime, des scènes intérieures aux paysages de guerre en passant par des scènes d’extérieur et notamment les ruelles propres au Maghreb. Dès 1870, le style attire des artistes anglais, allemands, italiens, américains ; un réel engouement se dessine ! En 1893, la Société des peintres orientalistes français voit le jour et l’année suivante est lancé le Salon annuel.
Pour couronner le tout, la Villa Abd-El-Tif est fondée en 1907, il s’agit de la plus grande institution algéroise, sorte de Villa Médicis destinée à accueillir les peintres français soucieux de venir travailler en Afrique du Nord.
2. Delacroix comme chef de file
C’est Eugène Delacroix qui mène avec passion l’Orientalisme. On lui doit de majestueuses toiles nées de ses voyages au Maghreb. Le peintre révèle toute la beauté de l’Afrique du nord à travers des scènes qu’il ponctue de couleurs chaudes et si révélatrices d’une région aride et désertique. D'autres peintres ont également exploré les thématiques orientalistes tels que Dominique Ingres, Théodore Chassériau, Jean-Léon Gérôme, Rudolf Ernst ou encore Frederik Arthur Brigdman.
3. Un voyage long et périlleux
Impossible de dissocier le voyage de l’Orientalisme, il est une partie intégrante de cette inspiration et de son rayonnement à travers le monde. Le Caire, Alger, Alexandrie ou Constantinople : des villes où il faisait bon créer ! Un voyage éprouvant pour bon nombre d’artistes qui se jetaient parfois à corps perdu dans une expédition aventureuse. Certains bénéficiaient d’une mission scientifique, diplomatique ou commerciale pour s’y rendre, compte tenu de la présence coloniale de la France et de l'Angleterre en Orient.
Le peintre orientaliste est celui qui, par définition, voyage. Or beaucoup d’artistes n’ont jamais traversé la mer et sont restés derrière leur chevalet ! Cependant certains prennent la place de vrais reporters pour rendre compte de la réalité du terrain - à l'instar de Delacroix avec "Scènes des massacres de Scio" (1824) qu’il peint sans même y avoir assisté ! Mais bien des peintres puisaient dans les récits d’autres voyageurs pour reproduire leurs propres scènes sur la toile, d'autres prenaient appui sur les premières photographies ou sur les objets trouvés ou ramenés.
4. Les femmes et leur rapport au corps
La femme est un sujet récurrent dans l’Orientalisme. Elle est l’exemple parfait d’une recherche constante d’exotisme, notamment dans des démonstrations de la vie intime telles que le dévoilent les scènes au harem, au bain ou dans des appartements. C’est véritablement là que réside l’esprit du Proche-Orient.
Les femmes sont souvent parées d’un turban, d’un drap, aussi régulièrement nues, allongées et dans des postures lascives. Elles sont à l’image d’une sensualité qui conduit parfois à l’érotisme. Mais la thématique du harem finit par n’être qu’un vague souvenir au XXe siècle puisque les peintures traitent ensuite davantage de paysages plus réalistes et moins de scènes fantasmées.
5. À la guerre comme à la guerre
Le traitement de l’homme dans l’Orientalisme dénote de celui de la femme puisque ce dernier est souvent dépeint en guerrier, menant la cavale, témoin d’un mouvement fougueux et tempétueux avec son ou ses chevaux. On y lit la puissance et l’éclat de ces scènes d’emportement visant à démontrer toute la virilité de la chasse. Des scènes de combats qui prennent place dans des paysages typiquement orientaux : des déserts et autres oasis.
6. Ces si belles couleurs d'Orient
On considère que beaucoup de peintres ont évolué dans leur manière de considérer la peinture et de définir leur palette après leur voyage au Maghreb. Les tons utilisés sont chauds, le cercle chromatique se réduisant autour de couleurs très caractéristiques telles que le rouge, le jaune, le brun et toutes leurs variantes. L’idée est de retranscrire au mieux le climat, la chaleur et la lumière de ces terres si riches et colorées.
7. La fin d’un mouvement
La peinture du début du XXe siècle voit les thèmes orientalistes disparaître progressivement. En cause, l’indépendance de l’Algérie en 1962 d’une part et la fermeture de la Villa Abd-el-Tif d’autre part. Toutefois, on considère toujours cette peinture comme fascinante même si l’Orient a depuis révélé quelques-uns de ses secrets, elle demeure encore bien mystérieuse !