Puisqu’il se nourrit de l’imaginaire, l’art fantastique n’est pas vraiment datable, il a en effet toujours existé. C’est un art qui se place aux antipodes du conventionnel, du traditionnel mais également de la logique comme on l’entend communément : c'est-à-dire le sens commun.
Ces œuvres fantastiques sont un condensé d’associations insolvables et incongrues, de déroutes, de transmutations. Il s’agira de prendre un donné, un objet par exemple, et d’en changer l’essence : la taille, la forme, la couleur, l’environnement ou encore les associations.
Citons à titre d’exemple René Magritte. Son œuvre “Le Château des Pyrénées” (1959) représente une grande pierre. Cette pierre, par le poids qu’elle pèse, devrait figurer au sol selon la théorie de l’attraction, cependant, elle est en lévitation, dans le ciel. C’est ici tout l’univers de la pierre qui est insensé.
Dans le même ordre d’idées, bien plus tôt, le peintre milanais Giuseppe Arcimboldo saisissait à merveille cette transformation. Faire du faux à partir du vrai. La série “Les Saisons” (1569). Y apparaissent quatre visages de profil, représentant au mieux la saison traitée. Le visage de l’homme représentant l’été regorge de fruits juteux de saison quand au contraire son acolyte rappelant la rigueur hivernale ne possède qu’un citron et une orange. Ces portraits illusionnistes en disent long sur les œuvres fantastiques.
Il peut également s’agir, comme nous l’avons dit précédemment, de créatures fantastiques. L’art fantastique contribue à altérer la réalité, mais il peut également créer de toutes pièces des éléments inexistants, faisant rappel au mythe. Sur sa toile “Les Licornes”, Gustave Moreau met en avant un espace imaginaire, peuplé de femmes et de licornes. Ces bêtes ne se laissant approcher que par des saintes, le tableau revêt ici un symbole d’innocence, d’ingénuité.
Enfin, il est intéressant d’évoquer Marx Ernst, puisqu’il dévoile une technique de création d’art fantastique. Par le biais du collage, ce dernier crée des univers, des entités. Son œuvre d'art fantastique “Le Rossignol chinois” (1920) dévoile un photomontage, composé d’un décor de guerre ainsi que d’un oiseau fait de deux bras humains, d’une torpille ainsi que d’un éventail. Associant un fait réel à un élément qui ne l’est pas, l’artiste transmet un message fort, son objectif étant de tourner au ridicule la guerre.
Dans l’art contemporain, l’art fantastique prend également toute son importance. Chez nos artistes, une bonne partie d’entre eux s’inspirent de ce dernier. Paolo Perfranceschi témoigne de cela dans plusieurs de ses œuvres, dévoilant des personnages inexistants, fantasmagoriques ou renvoyant aux mythes et légendes. C’est l’exemple de son œuvre “L’Icona” qui met en scène Le Petit Chaperon Rouge et en arrière plan le loup. Ils sont entourés d’arbres au feuillage rose. Dans “It’s time to wake up Alice”, c’est, comme l’indique le titre, le personnage d’Alice au Pays des Merveilles qui est repris de façon singulière.
Toujours dans cette idée de créatures mystérieuses, l’artiste Carolina saura vous ravir. Nombre de ses œuvres d’art fantastiques mettent au jour des personnages inventés de toute pièce, dont les corps sont fragmentés et n’ont aucune cohérence. Il en est de même pour Louise Fritsch dont le talent pour représenter des êtres hybrides est certain. Dans “Noyés dans l’absurde” elle met en scène des bras, des mains, associés à des corps de poissons.
Chez Frob, ce sont les couleurs et les formes qui sont d’une richesse exceptionnelle. Les associations proposées par l’Artiste sont singulières et inattendues, c’est en cela que ses œuvres d'art sont fantastiques.