1. Anish Kapoor, Dirty Corner
Cette œuvre colossale du britannique d'origine indienne Anish Kapoor, un temps installée dans les jardins du Château de Versailles, présente une connotation sexuelle évidente et assumée par l'artiste. Rebaptisée par les médias « le Vagin de la reine » , la sculpture a subi plusieurs dégradations volontaires.
Kapoor avait d'abord pris le parti de ne pas faire nettoyer les graffitis antisémites de la seconde vandalisation, afin d'offrir au public un témoignage de l'intolérance. La justice française estimant que c'était faire le jeu des extrémistes, en a décidé autrement.
L'artiste a donc choisi de recouvrir de feuilles d'or les parties vandalisées de sa sculpture et créer ainsi une nouvelle peau tout en conservant l'ancienne.
2. Maurizio Cattelan : L.O.V.E
Le sigle LOVE d'après Cattelan signifie ici « Liberté, Haine, Vendetta et Éternité ». L'artiste italien a ainsi posé en 2010 devant la bourse de Milan une monumentale sculpture de marbre de carrare représentant une main. Les doigts en ont été coupés à l'exception du majeur.
Visuellement c'est donc un gigantesque doigt d'honneur de 6 tonnes et de 11 mètres de haut qui se dresse devant l'institution ! Aujourd'hui installé à New York, Maurizio Cattelan est devenu un des grands favoris des riches collectionneurs.
3. Paul McCarthy : Tree
L'artiste américain crée des sculptures gonflables de grande taille dont la forme ambiguë est souvent polysémique. Ainsi le fameux Tree érigé place Vendôme à Paris en 2014, rappelant un jouet sexuel pour adultes, a engendré une forte polémique. L’œuvre vandalisée a soulevé une telle animosité qu'elle a finalement dû être retirée.
4. Jeff Koons à Versailles
Koons est le roi du kitch. Il conçoit entre autres des statues grandeur nature à son effigie et à celle de sa compagne, la sulfureuse Cicciolina, dans des positions très explicites.
Quand il investit en 2008 le très classique château de Versailles avec ses œuvres bigarrées, décalées et iconoclastes. c'est le scandale. Des manifestations sont organisées à l'entrée du château pour protester contre ce qui est vécu par certains comme une mésalliance choquante entre le lieu historique et l'univers de l'artiste.
5. Damien Hirst : The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living
L'impossibilité physique de la mort dans l'esprit du vivant, ainsi pourrions-nous traduire le titre d'une des œuvres les plus connues de l'artiste anglais datant de 1991. Cette dernière représente un requin comme suspendu dans un immense aquarium de formol. Non pérennes, ces œuvres se détériorent avec le temps et demandent à être remplacées.
Pour Hirst, le requin représente à la fois une esthétique de la nature terrible et une figure du capitalisme. Damien Hirst est un artiste "symptomatique" qui nous parle, à sa manière, des maux de notre époque.
6. Patricia Piccinini : The Long Awaited
Ses sculptures hyperréalistes, étranges et dérangeantes, comme sorties d'un film de science-fiction, n'ont pas fini de mettre le spectateur mal à l'aise. Sans doute parce qu'elles mélangent la pureté de l'enfance avec des créatures monstrueuses dans une improbable complicité. Les visages sont en effet détendus, confiants, comme figés dans une posture de ce bien-être serein précédant la plongée dans le sommeil.
L'artiste australienne interroge notre rapport à l'altérité, notre difficulté viscérale à accepter l'étrangeté d'un corps hybride que nous ne reconnaissons pas.
7. Tracey Emin : My Bed
Tracey Emin a conçu en 1998 une œuvre très personnelle : My Bed. Elle consiste en un lit, le sien, qui figure un moment douloureux de son existence, une rupture sentimentale.
Les draps sont souillés, le sol jonché de détritus divers et de menus objets tels des mégots et des paquets de cigarette vides, une bouteille de vodka et une d'Orangina, des préservatifs usagés ou encore un test de grossesse. Cette mise en scène abrupte de l'intimité la plus crue avait secoué à l'époque le petit monde de l'art contemporain.
8. Paul Fryer : Pieta (All Flesh is Grass)
Traditionnellement dans l'art pictural religieux, la pieta représente la mère du Christ, tenant son fils mort dans ses bras à sa descente de croix. Celle du britannique Paul Fryer est différente en ce sens que le christ repose, mort, sur une chaise électrique.
Travaillée de façon très réaliste mais à des proportions moindres qu'un corps réel, cette Pieta tragique émeut et suscite l'empathie. Présentée à la cathédrale de Gap, l’œuvre a déclenché notamment parmi les croyants des avis très partagés.
9. David Cerny : Entropa
Il s'agissait au départ d'une commande du gouvernement tchèque à l’occasion de sa présidence à l’Union européenne en 2009. Exposée en Belgique et composée de 27 modules la sculpture était censée symboliser chaque pays de la communauté européenne.
Or l'artiste plasticien tchèque, bien connu pour son goût de la provocation, a représenté chacun avec le plus gros stéréotype qui lui est communément attribué ! La France se voit affublée d'une banderole affichant « Grève », la Suède reçoit un logo Ikéa, la case pour l'Angleterre est tout simplement vide... Un vrai pied de nez qui a failli tourner à l'incident diplomatique.
10. Charles Ray : Le garçon à la grenouille
L'art contemporain, nous l'avons vu avec Jeff Koons à Versailles, n'est pas toujours apprécié lorsqu'il souhaite conquérir un lieu marqué par l'histoire. Ici c'est une ville entière qui s'est mobilisée.
Le musée vénitien La Pointe de la Douane a ainsi dû retirer la sculpture contemporaine en fer blanc intitulée Le garçon à la grenouille et réalisée par l'américain Charles Ray. C'est surtout son emplacement privilégié à l’entrée du Grand Canal face à la basilique Saint-Marc qui a fait enfler la polémique.
Les habitants lui ont majoritairement préféré l'ancien réverbère du XIXe siècle. Venise n'est donc pas encore prête, à l'instar de Copenhague, pour sa petite sirène.