Edward Hopper en quelques mots
Né en 1882 à New York, Edward Hopper est un peintre américain attentif à la représentation des scènes urbaines. D'abord formé comme illustrateur, il s'intéresse ensuite à la peinture en fréquentant les peintres de l'école Ash Can, mouvement proposant une peinture réaliste et inspirée des bas-quartiers new-yorkais. Hopper se rend alors en Europe à trois reprises. Edgar Degas et Edouard Monet l'influencent entre autres, même si leurs styles sont assez différents.
Au début de sa carrière artistique, c'est bien en tant qu'illustrateur que Hopper gagne sa vie. Or, c'est bel et bien en peinture qu'il fait sensation. Le peintre américain puise son inspiration dans les lieux ordinaires dont il fait ressortir l'extraordinaire.
En 1923, l'Exposition internationale de l'aquarelle du Brooklyn Museum expose 6 aquarelles de l'artiste. Le musée lui en achète même une à 100 dollars ! L'année qui suit, Hopper décide de se consacrer exclusivement à la peinture. Il rencontre sa future épouse Joséphine Verstille Nivison dite "Jo" dans les cours qu'il suit. Celle-ci tient une place éminente dans son travail puisqu'elle pose régulièrement pour ses toiles.
Retranscrire l'Amérique du 20e siècle
C'est à New-York qu'Edward Hopper installe son atelier. Très vite reconnu comme l'un des représentants de la scène américaine, il dévoile la vie quotidienne de ses compatriotes. Ses toiles reflètent principalement la nostalgie d'une Amérique passée sur fond d'un conflit interne entre les personnages représentés et le lieu dans lesquels ils se trouvent.
1. Maison au bord de la voie ferrée, 1925
2. Automate, 1927
3. Chop Suey, 1929
4. Tôt un dimanche matin, 1930
Une mise en scène théâtralisée
L'œil de Hopper parvient à saisir la bonne scène, la bonne émotion au bon moment. Celui qui regarde ses toiles n'est pas seulement un spectateur mais devient un voyeur dont la curiosité vient entraver le calme de l'instant. Une vision inquiétante sublimée par la touche photographique et cinématographique de l'artiste. Comme si nous assistions à un pollar américain, un roman policier, toutes les scènes sont chargées d'un mystère propre à Hopper.
5. Room in New York, 1932
Sans même avoir été invités, nous observons sans relâche ces êtres occupés, souvent préoccupés. Les jeux de lumière sont francs et l'intérêt n'est pas tant dans l'expression des visages mais dans la posture, l'espacement entre les corps et les contrastes saisissants qui attirent le regard.
6. Cinéma à New York, 1939
Des lieux pourtant communs deviennent alors extraordinaires par la façon dont Hopper les représente. Qu'il insiste sur la géométrie du mobilier, sur les ombres portées, sur la présence ou l'absence de figure humaine ou encore sur une luminosité plus ou moins criante, il fait de ces endroits de vraies étapes de compréhension de son Œuvre.
7. La Nuit au bureau, 1940
Les personnages ne sont pas des héros, ni même des antagonistes, ce ne sont pas des proches ou des connaissances, tout du moins ne les a-t-il pas peints en ce sens. Ces individualités sont potentiellement chacun d'entre nous, sans étiquettes, anonymes et dans une fausse intimité.
Un héritage pictural sans précédent
Au cœur d'une ville, devant des magasins, des cafés, des diners ou en intérieur, Hopper nous invite à la contemplation. Plus que ça, nous scrutons, dévisageons parfois, jusqu'à comprendre ce qu'il a voulu dire. Les ombres ont leur part d'importance, tout autant que le travail de la lumière et l'intérêt porté sur l'architecture.
8. Gas, 1940
Hopper n'est pas spécialement passionné par les grandes structures architecturales, les gratte-ciels ou autres édifices d'ampleur mais s'attarde davantage sur les maisons, les bâtiments anodins qui nous entourent et auxquels nous ne prêtons pas forcément toujours attention. Sans oublier un bureau encore allumé en soirée, le coin d'une pièce ou une station essence.
9. Nighthawks, 1942
La transparence est chez Hopper une marque de fabrique. Il veut montrer l’indicible, nous place en tant que privilégiés pour déceler le vrai du faux. Par la présence régulière des fenêtres, il mise sur la perspective, la profondeur, de l'intérieur vers l'extérieur et inversement. On pense bien évidemment à la toile la plus célèbre de l'artiste américain, "Nighthawks", dont la popularité est aujourd'hui planétaire. Cette toile résume à elle seule toute la complexité de l'Œuvre de Hopper. Le dehors et le dedans semblent se confondre par un jeu fascinant de lumière.
Même si les personnages ne sont pas ultra-détaillés, leur composition n'est pas si simpliste qu'on pourrait le prétendre. Hopper peint sur le vif, donnant à son peuple la même portée que son architecture : géométrique, minimaliste mais tourmentée à l'intérieur. Car tout paraît trop calme, trop silencieux, et c'est bel et bien cette torpeur qui suscite l'inquiétude. Que se passera-t-il après ? La scène représentée est-elle annonciatrice d'un drame ?
10. Rooms by the sea, 1951
Pas étonnant alors qu'Edward Hopper ait inspiré le monde du cinéma. Pour beaucoup, il a mené la voie vers une vision mélancolique, désabusée, jouant sur les formes pour mieux charger le fond.
L'univers de Hopper laisse place à l'interprétation. Que voyez-vous lorsque vous plongez dans ces scènes triangulées par l'absence, le minimalisme ou la posture énigmatique des personnages ? Chaque atmosphère nous dévoile des images aussi bien silencieuses, propres aux désirs, à la frustration ou à la solitude d'un.e Américain.e dans sa vie de tous les jours.