Alors que retenir de Francis Bacon ?
1. C'est l'homonyme du philosophe Francis Bacon
Né à Dublin en 1909 de parents anglais, Francis Bacon se présente comme un "descendant collatéral" du célèbre philosophe des XVIe et XVIIe siècles. Son enfance est entre autres marquée par des conflits avec ses parents au sujet de sa sexualité, que ses derniers désapprouvent. À seulement 16 ans, il quitte le domicile familial.
Poussé donc vers l'émancipation, Francis Bacon, tout jeune créateur, divague entre Londres, Paris et Berlin. À son retour dans la capitale anglaise, il s'immerge dans la culture gay underground et côtoie par ailleurs des intellectuels. On lui connaît une réputation de charmeur, surtout avec les hommes plus âgés. Bacon en profite alors pour nouer différents contacts dans le monde de l'art auprès de riches mécènes.
1935, coup dur pour Francis Bacon. Le jeune artiste est tout simplement exclu de l'Exposition internationale du Surréalisme. En cause ? Son travail jugé "insuffisamment surréaliste"... un comble ! Rien n'arrête ce créateur maladif qui, particulièrement fasciné par les "biomorphes" (métamorphoses des corps sur la toile) de Picasso, se lance dans une nouvelle série : des figures à la base d'une crucifixion.
Lorsque ces études sont révélées au public, c'est le déclic. Bacon est soudainement propulsé sur le devant de la scène artistique londonienne. On le considère alors comme le plus grand artiste de l'après-guerre en Grande-Bretagne !
2. Il est tombé amoureux de son cambrioleur
Une drôle de façon pour rencontrer son amant, nous direz-vous ? Car oui, Francis Bacon s'éprend de George Dyer, criminel londonien, après que ce dernier ait forcé sa propriété. Dyer, plus jeune que le peintre, éprouve pour lui une folle admiration. Quel homme célèbre et si confiant, pense-t-il. C'est alors que les deux hommes nouent une relation de co-dépendance, entre alcool, fêtes et jeux. Un cocktail explosif.
George Dyer devient progressivement une figure emblématique dans l'Œuvre de Bacon. Pourtant, s'il est souvent représenté par l'homme qu'il aime, il n'en comprend pas moins la façon dont il est dépeint. Dyer s'étonne même des éloges à répétition adressés à son amant, tant son travail lui paraît extrêmement torturé, de surcroît pas toujours en phase avec la réalité !
À cette même époque, certains artistes militent pour une peinture tout sauf figurative. Des artistes tels que Mark Rothko ou Jackson Pollock veulent s'affranchir de cette figuration qu'ils rejettent et dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. Pour s'exprimer, ils veulent voir plus loin, sans dépendre de formes et de rappels directs aux objets du réel.
Bacon, qui se rapproche de cette façon de pensée hors des sentiers battus, conserve quand même les formes. Toutefois les siennes sont tellement disloquées et méconnaissables que le sujet s'éloigne bien souvent de sa véritable représentation !
Francis Bacon transforme alors des motifs familiers dans un style macabre. Centrée sur la souffrance universelle et la terreur de la guerre, son intention est alors de bousculer le spectateur. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ses œuvres, dérangeantes pour certains, énigmatiques pour d'autres, ne laissent définitivement personne indifférent !
3. Francis Bacon, décidément trop inspiré ?
Les premières sources d'inspiration de Francis Bacon sont similaires à celles de nombreux artistes. Ayant été exposé au "Massacre des Innocents" de Poussin lors de son séjour en France, il est également attiré par les œuvres de Rembrandt, Velasquez et Picasso.
Cependant, il a également été influencé par les manuels médicaux, tout comme Basquiat. Pendant son séjour à Paris, Bacon achète un livre qui décrit toutes les maladies buccales connues. Ce livre apportera plus tard une cohérence aux historiens de l'art qui cherchent à analyser son travail !
Bien que l'art de Francis Bacon ait toujours été empreint d'angoisse, il est devenu de plus en plus sinistre après le suicide de George Dyer. À la veille de la première rétrospective de Bacon au Grand Palais à Paris, il apprend que Dyer a fait une overdose dans leur chambre d'hôtel. Il l'a trouvé inanimé sur les toilettes. Ainsi naît son œuvre "Triptyque" (mai-juin 1973) qui détaille les moments avant, pendant et après sa mort.
Bacon achève sa dernière œuvre en 1991 et meurt peu après en 1992. La dernière réalisation précédant la mort d'un artiste peut être assez révélatrice et déterminante. C'est le cas de Francis Bacon. En 2016, son dernier tableau est révélé pour la première fois. Il représente un taureau entrant dans un abîme. Cette représentation poignante incarne la vie et l'œuvre de Francis Bacon. Tant par son caractère que par son art, il était une force sauvage avec laquelle il fallait compter.
Le saviez-vous ?
Francis Bacon insistait toujours pour que ses œuvres soient exposées derrière une vitre. Si ce n'est pas une demande très courue, c'est parce que cela peut fausser la perception et l'appréciation du spectateur. Seulement, Bacon, qui avait toujours une longueur d'avance, tenait à ce que les visiteurs voient leur propre reflet dans le tableau, leur donnant ainsi une expérience plus personnelle... mais pas moins étrange !
Un jour il a dit...
"La peinture est le modèle de son propre système nerveux projeté sur la toile."
Francis Bacon