Comment êtes-vous arrivée à faire de l'art du néon l'un des principaux moyens d'expression de votre travail ? Qu'est-ce qui vous a incité au départ à explorer cette forme lumineuse ?
Mon parcours dans l'art du néon provient de ma fascination de longue date pour le monde naturel, en particulier pour les couleurs vibrantes et les mouvements des papillons et des oiseaux. Au fil des ans, j'ai passé beaucoup de temps à étudier ces spécimens au Muséum d'histoire naturelle, où j'ai eu l'occasion d'examiner de près leurs caractéristiques morphologiques, leurs couleurs et leurs modes de vol. J'ai été particulièrement intriguée par la façon dont le spectre de couleurs complexe de ces espèces révèle des aspects de la lumière et de la couleur qui sont souvent invisibles dans la vie de tous les jours.
Cette exploration du vol m'a conduit à étudier les principes mathématiques qui le sous-tendent, en particulier l'équation du vol de Bernoulli. Cette théorie explique comment les différences de pression atmosphérique créent une portance qui permet aux oiseaux et aux papillons de voler avec tant de grâce. La relation entre le mouvement, la ligne et l'énergie est devenue un élément central de mes compositions abstraites, qui cherchent à capturer les forces dynamiques en jeu dans le vol.
En continuant à explorer ces thèmes, je me suis rendu compte que mon travail me poussait à aller au-delà de la toile bidimensionnelle. Je voulais exprimer l'interaction entre la lumière, la couleur et le mouvement d'une manière plus immersive et vibrante, ce qui m'a amené à expérimenter le néon et l'éclairage LED. La qualité fluide et lumineuse du néon complète parfaitement le mouvement dynamique que j'avais étudié, me permettant de transposer les fréquences énergétiques du vol et de la couleur dans un espace tridimensionnel.
L'intégration du néon m'a permis d'approfondir mes recherches sur la lumière et la fréquence des couleurs, en donnant vie aux forces invisibles que j'avais observées dans la nature. L'ajout de néons et de diodes électroluminescentes (DEL) est apparu comme une extension naturelle de mon travail, renforçant l'éclat et la force de mes compositions et me permettant d'explorer la relation entre la lumière, la couleur et le mouvement d'une manière totalement nouvelle.
Votre travail fusionne l'art et la science. Comment ces disciplines influencent-elles votre approche de la création d'œuvres d'art à base de néon ?
Pour moi, l'art et la science sont les deux faces d'une même pièce, chacune informant et enrichissant l'autre. Mon travail avec le néon est profondément ancré dans cette fusion, où la précision des principes scientifiques rencontre l'expressivité émotionnelle de l'art. Cette fusion est devenue particulièrement importante lorsque j'ai commencé à étudier la structure et le comportement des papillons et des oiseaux au Muséum d'histoire naturelle. Ce qui m'a d'abord attiré, c'est leur attrait esthétique – leurs couleurs brillantes et leurs mouvements gracieux. Cependant, en approfondissant la mécanique de leur vol, j'ai été fascinée par les lois scientifiques qui régissent leurs mouvements, comme le principe de Bernoulli.
La science constitue le cadre d'une grande partie de mon processus créatif. L'élégance mathématique du vol, la façon dont les structures des ailes sont conçues pour être efficaces et fluides, ou la façon dont la lumière interagit avec la surface des ailes de papillon, sont des éléments qui me captivent. Comprendre les mécanismes qui sous-tendent ces phénomènes me donne une nouvelle perspective sur la manière de les représenter artistiquement. Ainsi, la science n'est pas seulement une influence ; c'est un outil que j'utilise pour décoder le monde qui m'entoure et le transformer en forme visuelle.
Sur le plan artistique, je me suis toujours concentrée sur l'expérience sensorielle – comment nous percevons et ressentons la couleur et la lumière. Lorsque j'ai commencé à intégrer des néons et des diodes électroluminescentes dans mon travail, j'ai découvert qu'ils pouvaient représenter non seulement le mouvement et l'énergie, mais aussi la fréquence et la vibration de la lumière elle-même. Le néon me donne la possibilité de jouer avec la lumière d'une manière qui semble vivante, me permettant de repousser les limites de ce qui peut être réalisé avec de la peinture ou des médiums traditionnels. Il capture les qualités fugaces et presque invisibles de la nature qui m'ont toujours fascinée.
En combinant l'art et la science, j'aborde chaque pièce non seulement comme une création visuelle, mais aussi comme une exploration des forces naturelles. Je cherche à comprendre comment des concepts scientifiques, tels que la dynamique du vol ou le spectre de la lumière, peuvent être décomposés et repensés de manière à susciter l'émotion et l'engagement du spectateur.
Le néon se prête particulièrement bien à cet exercice, car il me permet de transformer des idées complexes et intangibles – comme les forces invisibles qui sous-tendent le vol ou les changements subtils de la fréquence des couleurs – en quelque chose de physique et d'immersif. Cette synergie entre l'art et la science élargit non seulement la portée de mon travail, mais approfondit également ma compréhension du monde et de la manière dont nous interagissons avec lui.
L'art du néon est souvent synonyme d'énergie et d'intensité. Comment exploitez-vous ces qualités pour exprimer votre vision artistique ?
Dans mon travail, le néon est plus qu'un simple choix esthétique : c'est un outil puissant qui permet de créer un lien sensoriel direct avec le spectateur. L'énergie vibrante du néon invite le public à s'engager non seulement visuellement, mais aussi physiquement, en laissant la lumière l'envelopper de manière à créer une expérience immersive. Cette interaction reflète la pratique scientifique de la taxidermie, où les espèces sont soigneusement classées, étiquetées et présentées pour être observées. Tout comme les scientifiques utilisent l'éclairage et le positionnement pour souligner les caractéristiques uniques d'un spécimen, j'utilise le néon pour mettre en lumière et intensifier l'essence de mes compositions.
La lumière du néon dans mon travail agit comme un projecteur, non seulement en renforçant les caractéristiques de la peinture, mais aussi en rehaussant sa beauté d'une manière qui pourrait autrement rester subtile ou invisible. La lueur du néon transforme l'œuvre d'art, lui donnant une présence dynamique qui change avec la perspective du spectateur, attirant l'attention sur les détails et invitant à une contemplation plus profonde. C'est une façon de magnifier les éléments qui sont au cœur de ma vision – la couleur, la lumière et le mouvement – tout en rendant hommage à l'idée de classification scientifique en donnant à l'œuvre d'art un sentiment d'importance et de découverte.
Votre pratique englobe différents médiums, dont la peinture, la sculpture et le bio-art. En quoi le travail avec le néon diffère-t-il ou complète-t-il vos autres activités artistiques ?
Travailler avec le néon présente un ensemble unique de défis et de considérations par rapport à mes autres médiums tels que la peinture, la sculpture et le bio-art. Le néon exige un niveau élevé de planification logistique et de précision, car chaque pièce doit être méticuleusement planifiée avant même le début du processus d'installation. Contrairement à la peinture, qui permet une expression plus organique et plus fluide, le travail avec le néon implique une résolution pratique des problèmes.
Je dois penser à l'avance aux aspects techniques du câblage, aux connexions électriques et à l'ensemble de l'installation mécanique. Cela inclut des tâches telles que couper les fils, tester les connexions et dépanner le néon lui-même – des compétences qui requièrent des connaissances en électricité et une attention particulière aux détails.
En revanche, la peinture me semble plus immédiate et intuitive. Je peux m'immerger totalement dans l'acte de création, en travaillant directement avec la toile et l'acrylique sans les mêmes exigences logistiques. Le flux est plus spontané et me permet de m'exprimer librement, en réagissant en temps réel à la couleur, à la forme et à l'émotion.
Le bio-art, en particulier le travail avec des organismes vivants tels que les bactéries et la bioluminescence, introduit encore un autre niveau de complexité. Dans ces projets, le défi n'est pas seulement technique, mais aussi biologique. Je dois créer les conditions propices au développement de la vie, où chaque seconde et chaque millilitre de matériau peuvent avoir un impact sur le résultat. Le processus est délicat et, d'une certaine manière, plus humain. Il est lié à la notion de nourrir la vie et de travailler avec des systèmes naturels. C'est une pratique qui apporte un sentiment de fragilité et d'imprévisibilité, où je dois m'adapter en permanence aux conditions changeantes du laboratoire.
D'une certaine manière, chaque médium présente ses propres défis et ses propres courbes d'apprentissage. Le néon combine l'aspect pratique et l'expression artistique d'une manière différente de la peinture, tandis que le bio-art introduit le concept de travail avec des systèmes vivants et de survie. Ce qui les unit tous, c'est le niveau de concentration et de dévouement requis, qu'il s'agisse de planifier des installations de néons, de peindre en studio ou de travailler en laboratoire. Chaque médium m'offre la possibilité d'explorer de nouvelles dimensions de la créativité, tout en me poussant à réfléchir de manière critique et technique à mon approche.
Pouvez-vous nous expliquer le processus de création d'une installation ? Quels sont les défis techniques auxquels vous êtes confrontée ?
La création d'une installation, en particulier d'une installation de néon, est un processus à plusieurs niveaux qui exige à la fois une vision créative et une précision technique. Elle commence par une idée conceptuelle claire, mais à partir de là, on passe rapidement à une planification détaillée. Le néon est un médium qui impose une grande prévoyance logistique. Chaque aspect de l'installation doit être soigneusement planifié avant le début des travaux physiques, car les composants électriques, l'emplacement et la structure des éléments en néon doivent s'aligner parfaitement sur la conception générale.
Une fois que j'ai un plan solide, la phase technique commence. Il s'agit de travailler en étroite collaboration avec les tubes de néon, qu'il faut plier pour leur donner une forme précise. Vient ensuite le travail électrique : couper et connecter les fils, tester les circuits et s'assurer que l'ensemble du système est fonctionnel. À ce stade, il faut comprendre comment le gaz néon et les courants électriques interagissent pour créer la lumière incandescente, et résoudre tout problème mécanique potentiel, tel que des connexions défectueuses ou une illumination inégale. L'un des principaux défis que je dois relever est de veiller à ce que les aspects pratiques de l'installation, comme l'alimentation électrique et la sécurité, n'interfèrent pas avec la vision esthétique. Le câblage doit être caché ou intégré de manière transparente dans l'œuvre d'art, afin de ne pas nuire à l'impact visuel.
En même temps, le néon doit fonctionner harmonieusement avec les autres éléments de l'œuvre, tels que la peinture ou la sculpture. Cela signifie qu'il faut équilibrer l'intensité de la lumière avec les couleurs et les textures du reste de l'œuvre. Je teste également la façon dont le néon interagit avec l'espace environnant – s'il projette des ombres, crée des reflets ou change d'aspect en fonction de l'angle du spectateur.
En comparaison, la peinture me permet de m'exprimer de manière plus fluide, tandis que le travail sur les installations au néon est un processus plus méthodique, axé sur la résolution de problèmes. Chaque décision technique peut avoir un impact sur le résultat final, de la précision du câblage à la qualité de la lumière du néon. Cet aspect technique présente des défis constants, mais c'est aussi ce qui rend ce médium si gratifiant. Le néon ne se contente pas d'éclairer l'espace, il met en valeur l'œuvre, transformant l'expérience du spectateur par la lumière, la couleur et l'énergie.
Comment concilier l'esthétique de l'art du néon avec ses thèmes scientifiques ou conceptuels sous-jacents ?
L'équilibre entre l'esthétique de l'art du néon et ses thèmes scientifiques ou conceptuels implique une approche nuancée qui intègre à la fois l'attrait visuel et une signification plus profonde. Mon travail sur l'art du néon est profondément influencé par les principes scientifiques de la lumière et de la couleur, en particulier la façon dont différentes longueurs d'onde correspondent à différentes couleurs et le phénomène de la bioluminescence. Mon exploration artistique commence par le concept de la lumière en tant que phénomène physique.
Chaque couleur de néon correspond à une longueur d'onde spécifique, ce qui est un principe fondamental de la physique. Ce concept fournit une base scientifique à mon travail. Par exemple, la lumière bleue a une longueur d'onde plus courte que la lumière rouge, et cette variation de longueur d'onde affecte la manière dont les couleurs sont perçues et ressenties.
Dans chaque œuvre, je choisis des couleurs néon spécifiques en fonction de leur longueur d'onde afin de les aligner sur le thème ou le message sous-jacent de l'œuvre d'art. Par exemple, si une œuvre explore les thèmes de l'énergie ou de la transformation, je pourrais sélectionner des couleurs avec différentes longueurs d'onde pour symboliser les différents stades ou types d'énergie.
Ce choix de couleur n'est pas arbitraire ; il est soigneusement étudié pour renforcer la profondeur conceptuelle de l'œuvre. L'impact esthétique de l'art du néon est renforcé par le jeu des couleurs et de la lumière. En choisissant des couleurs qui non seulement créent un effet visuel frappant, mais qui résonnent également avec leurs propriétés scientifiques, je vise à créer une expérience visuelle à la fois belle et stimulante sur le plan intellectuel.
Par exemple, l'utilisation de couleurs néon qui stimulent l'excitation des particules dans la bioluminescence peut évoquer un sentiment de lueur organique et de transformation, reflétant les processus naturels. Le processus de bioluminescence, dans lequel les organismes produisent de la lumière par le biais de réactions chimiques, constitue une analogie puissante pour mon travail.
Tout comme la bioluminescence implique la synthèse de molécules pour produire de la lumière, mes œuvres au néon impliquent la manipulation de longueurs d'ondes lumineuses pour créer des expériences visuelles à la fois scientifiques et artistiques. L'effet lumineux des néons fait écho à la qualité hypnotique des organismes bioluminescents, établissant un lien entre les phénomènes naturels et la lumière artificielle.
En associant les aspects scientifiques de la lumière à l'expression artistique, je cherche à créer des œuvres d'art au néon qui non seulement captivent l'œil, mais provoquent également une réflexion sur la nature de la lumière et son rôle dans notre perception du monde. L'interaction entre la couleur, la lumière et le concept transforme chaque œuvre en une exploration multidimensionnelle de la science et de l'art.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet de collaboration « La - La Studio », qui vous réunit avec le musicien anglais Callum Wright ?
La - La Studio est un collectif que j'ai fondé avec le musicien anglais Callum Wright, connu pour son travail sous le pseudonyme D/R/U/G/S. Notre partenariat a permis d'explorer l'intersection de l'art, de la science et du son de manière nouvelle et passionnante. Dans le cadre du projet « WFP Dance », j'ai créé une installation visuelle dynamique qui présente les motifs complexes des cellules cancéreuses, marquées par la protéine fluorescente verte.
Ces images devaient être à la fois frappantes et intellectuellement engageantes. Callum a contribué en créant des bandes sonores sur mesure qui s'harmonisaient avec les éléments visuels. Ensemble, nous avons cherché à créer une expérience immersive qui transcende les frontières artistiques traditionnelles.
La combinaison de ses paysages musicaux et de mon travail visuel a été conçue pour offrir un voyage multisensoriel qui relie les spectateurs à des éléments esthétiques et scientifiques. « WFP Dance a été présentée à Sonar 2024, où elle a remis en question les perceptions conventionnelles de l'art et de la technologie, en invitant les participants à explorer et à s'engager dans le monde microscopique d'une manière profonde et innovante.
Nombre de vos installations intègrent la lumière de manière dynamique. Comment voyez-vous la lumière comme outil de communication dans votre travail ?
La lumière est un élément central dans mes installations, et je la vois comme un outil puissant de communication à plusieurs niveaux. Elle permet de façonner des récits et d’orienter l’expérience du spectateur. Grâce à des jeux de lumière dynamiques, je peux mettre en valeur certains aspects de l’installation, attirer l’attention sur des détails particuliers ou créer des parcours visuels qui guident le regard.
Cet aspect narratif de la lumière permet une expérience plus immersive et engageante. Dans certaines de mes œuvres, la lumière interagit avec le public. Par exemple, certaines installations réagissent aux mouvements ou au toucher, créant un véritable dialogue entre le spectateur et l'œuvre.
En somme, la lumière n'est pas seulement un élément visuel dans mes installations, c'est une force communicative qui façonne des expériences, transmet des émotions et renforce l'impact conceptuel de l'œuvre. Par sa nature dynamique et multifacette, la lumière devient une part intégrante de ma manière d’exprimer des idées et de créer une connexion avec les spectateurs.
Selon vous, quel est le rôle de l'art au néon dans la société contemporaine ? Comment résonne-t-il avec le paysage culturel ou technologique actuel ?
L’art du néon me fascine parce qu’il fait le lien entre l’art et la technologie. Le fonctionnement des lumières au néon — grâce à des procédés technologiques avancés — reflète notre fascination constante pour la technologie et son intégration dans la création artistique. Cela me permet d’explorer comment l’art peut incorporer et refléter les progrès technologiques, créant ainsi un dialogue entre ces deux mondes.
Visuellement, l’art du néon est incroyablement percutant. Ses couleurs vives et ses formes lumineuses ont cette capacité à percer à travers le bruit visuel de notre monde saturé d’images. À une époque où nous sommes constamment bombardés de stimuli, la capacité du néon à se démarquer et à faire une déclaration forte est à la fois captivante et pertinente.
Sur le plan culturel, l’art du néon explore souvent des thèmes comme l’identité, le consumérisme et la vie urbaine. Il offre une perspective pour critiquer et réfléchir sur des questions contemporaines, faisant du néon non seulement un choix esthétique, mais aussi un médium de commentaire culturel.
De plus, à une époque où les expériences interactives et immersives sont très prisées, la capacité de l’art du néon à transformer les espaces et à engager le public sur un plan sensoriel s’inscrit parfaitement dans cette tendance. Il ne s’agit pas seulement de créer quelque chose de visuellement époustouflant, mais aussi de concevoir des expériences qui résonnent à un niveau plus profond.
Enfin, il y a une certaine nostalgie associée au néon. Il renvoie à l’esthétique du milieu du 20e siècle, tout en étant réimaginé à travers une perspective contemporaine. Cette réappropriation du style rétro, combinée aux techniques artistiques modernes, crée un lien unique entre le passé et le présent, rendant l’art du néon à la fois intemporel et actuel.
Je pense que l’art du néon va bien au-delà de la lumière et des couleurs. C’est un reflet dynamique de notre époque — une intersection entre l’art, la technologie et la culture qui continue d’évoluer et de captiver.
Y a-t-il de nouvelles directions ou des médiums que vous êtes impatiente d'explorer, qui pourraient intégrer davantage le néon avec d'autres formes d'art et de science ?
Je suis impatiente d'explorer plus en profondeur le domaine de la programmation et du codage comme moyen de créer des expériences lumineuses et tactiles basées sur les sens. Mon ambition est de développer des installations interactives où le public pourrait s'immerger dans des espaces vastes et interagir avec la lumière en temps réel. Cette approche permet une interaction dynamique, rendant l’art plus accessible et engageant à plusieurs niveaux sensoriels.
De plus, je suis très enthousiaste à l'idée de poursuivre mes collaborations avec des scientifiques, en particulier dans les domaines de la microbiologie et de la microscopie. Le concept de bioluminescence — une alternative durable à la lumière artificielle — me fascine énormément. Mon projet en cours, visant à créer une lampe bio-lumineuse pour remplacer les tubes néon traditionnels dans mes œuvres, est un défi, mais aussi une expérience incroyablement enrichissante. Depuis deux ans, durant mon master, j'explore le potentiel d'utilisation des bactéries marines comme sources lumineuses vivantes, un projet qui fait le lien entre l’art et la science tout en répondant aux préoccupations actuelles en matière de durabilité et d'impact environnemental.
Ce projet m’a poussée à repenser les limites traditionnelles de l’art, en initiant un dialogue entre le vivant et l'inanimé, et en offrant un aperçu d’un futur où l’art et la nature coexisteraient en harmonie. Explorer ces nouvelles voies me permet de redéfinir les possibilités de la lumière en tant que médium, la transformant d’un élément statique en une composante vivante et organique de l'œuvre. J’ai hâte de voir comment ces expériences peuvent évoluer et inspirer de nouvelles formes d’expression artistique.
Comment envisagez-vous l'avenir de l'art du néon, tant dans votre propre travail que dans le monde de l'art en général ?
Alors que nous entrons dans une ère où la technologie est de plus en plus intégrée à notre quotidien, j’imagine un avenir pour l’art du néon qui adopte des technologies d’éclairage à faible consommation, comme les LED, tout en repoussant les limites de ce que la lumière peut représenter dans l’art. Dans le monde de l’art en général, je prévois une évolution vers l'intégration de formes d'éclairage plus durables et écoénergétiques, motivée à la fois par les préoccupations environnementales et les avancées technologiques.
Dans mon propre travail, je suis profondément intéressée par l’exploration de la lumière non seulement en tant qu’outil, mais aussi en tant que source d’énergie naturelle. Je suis particulièrement fasciné par les dimensions anthropologiques et biologiques de la lumière, et par la manière dont elles peuvent être exploitées pour créer un art à la fois novateur et respectueux de l’environnement. J’imagine un monde où l’art basé sur la lumière, les lampes et les outils seraient illuminés par des organismes vivants, tels que des bactéries bioluminescentes ou des algues, mettant en lumière la synergie entre l’art, la nature et la science. Cette approche remet non seulement en question les usages traditionnels du néon, mais réinvente également le rôle de la lumière dans l’art comme quelque chose de vivant et en évolution.
Étant donné que les ressources de notre planète sont limitées, je pense qu’il est essentiel d’explorer des directions plus durables dans l’art. Cela pourrait signifier développer de nouvelles technologies qui imitent les sources de lumière naturelle, ou même créer des œuvres d'art alimentées par des énergies renouvelables. En expérimentant avec la bioluminescence et d'autres matériaux durables, j'espère contribuer à un avenir où l'art ne se contente pas de refléter le monde qui nous entoure, mais participe également à un dialogue sur l'avenir écologique de notre planète.
Je vois l’avenir de l’art du néon comme une convergence passionnante entre tradition et innovation, un espace où l’attrait lumineux du néon peut coexister avec de nouvelles technologies écologiques, incitant les artistes à repenser la manière dont nous utilisons et percevons la lumière dans l’art.