1. L'art du "Less is more"
Ce courant abstrait découle en partie du Modernisme, et puise une partie de son inspiration dans le Bauhaus dont l'un des artistes phares, l'architecte Mies Van der Rohe avait proclamé "less is more" ("moins c’est plus"). Les artistes adeptes du minimalisme optent pour des formes géométriques dépouillées, basiques (ronds, carrés, lignes) et une limitation des couleurs (les œuvres sont quasi monochromes).
On est dans la sobriété extrême et la plus grande économie des moyens, les artistes évitant à tout prix le décoratif et la création d'illusions. L'expression d'Art Minimal est utilisée pour la première fois en 1965 par le philosophe anglais du courant analytique Richard Wollheim dans la revue Arts Magazine. Mais beaucoup d'artistes qui en font partie la rejettent pour son côté réducteur.
2. Une peinture simple mais pas simpliste
La pureté des tableaux abstraits de Malevitch et les peintures monochromes d'Ad Reinhardt peuvent êtres vues comme les muses majeures des peintres minimalistes qui choisissent de mettre fin à l'ère des égos démesurés à la Andy Warhol ou des esprits torturés à la Jackson Pollock ! Parmi les plus grands représentants du minimalisme pictural, on trouve Sol LeWitt et Frank Stella. Les tableaux-objets abstraits de Stella aux formes de châssis non conventionnels représentent la plupart du temps des lignes droites, diagonales ou en zigzag.
La trace de la main du peintre s'efface presque totalement et aucune signification symbolique n'est revendiquée. Contrairement à la peinture classique, ces œuvres semblent en premier lieu dépourvues de charge émotionnelle. "What you see is what you see" ("ce que vous voyez est ce que vous voyez") résuma un jour Stella dans une interview. De quoi couper court à toute tentative d'interprétation...
3. Des sculptures déroutantes
En sculpture, les artistes minimalistes optent pour des formes rudimentaires réalisées dans des matériaux la plupart du temps bruts comme l'acier, le béton ou le feutre. Carl Andre propose des carreaux de métal, Richard Serra imagine des feuilles métalliques pliées ou roulées dans lesquelles on peut se mouvoir, Donald Judd réalise des volumes en trois dimensions fixés aux murs et Dan Flavin assemble des tubes de néon blancs ou colorés.
La volonté de se débarrasser d'artifices clinquants obligent à se concentrer sur ces formes pour ce qu'elles sont. Ces sculptures prennent leur sens dans la perception qu'on en a et leur situation dans l'espace. Cette réduction à l'essentiel peut sembler froide et neutre mais elle se rapproche d'un concept philosophique profond et fort : la pensée minimale.
4. Une musique hypnotique
Le courant minimaliste trouve une grande résonance en musique. Certains artistes comme Philip Glass ont d'ailleurs travaillé avec des artistes minimalistes provenant d'autres disciplines comme Richard Serra. Émergeant dans les années 1960 aux USA et inspirée en partie par l'avant-garde musicale (John Cage, le jazz, le sérialisme), elle recouvre les répertoires d'aventuriers sonores comme Steve Reich, Philip Glass, Michael Nyman, Terry Riley, La Monte Young ou encore Arvo Pärt.
On qualifie aussi leurs sonorités de musique "répétitive" car des motifs et des phases reviennent dans l'évolution d'un même morceau. Comme en peinture, les compositeurs font appel à des "matériaux" très bruts comme des bourdons chez La Monte Young, musicien américain qui a grandi dans une cabane au sein de la communauté mormone.
5. Une grande influence sur le design
Le courant minimaliste a beaucoup influencé le design et le mobilier du XXe siècle. Frank Stella et Donald Judd (qui a dessiné des meubles) ont impacté le travail de designers comme Shiro Kuramata, Jean-Marie Massaud, Jasper Morrison ou encore Ronan et Erwan Bouroullec. Une grande partie du design actuel (y compris celui qu'on trouve chez des marques comme Ikea ou Habitat) et même de notre désir de détox et de faire le vide s'inspire de ce courant.
Même si une tendance maximaliste se dessine de plus en plus, comme une réaction à une esthétique devenue reine, de l'intérieur de nos salons à celui de nos esprits, en quête de moins de superflu.